De la sécurité sociale
Introduction à une réflexion sur la
sécurité sociale
Qu’en
est-il de la sécurité sociale ?
Extrait
de l’article premier de l’ordonnance de 1945 instituant la sécurité
sociale :
«
Il est institué une organisation de la sécurité sociale destinée à garantir
les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature
susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir
les charges de maternité et les charges de famille qu'ils
supportent. L'organisation de la sécurité sociale assure ( … ) le service des
prestations ( … ) concernant les assurances
sociales, l'allocation aux vieux
travailleurs salariés, les accidents
du travail et maladies
professionnelles et les allocations
familiales … ».
L’objectif
mis en place par nos Pères était noble. Les conditions de son application
étaient différentes.
Aujourd’hui,
la crise que traverse le système de sécurité sociale français est sans
précédent, marquée par un déficit endémique et une dette qui devient abyssale. Le
fait que la charge de la dette soit reportée sur les générations futures dévoie
la notion de solidarité entre générations. Ainsi, cette solidarité pèserait sur
des générations non encore nées. Hors le concept se conçoit, de manière
contractuelle, entre des générations vivantes au moment de la dépense, ce ne
doit pas être un concept « de l’héritage des dettes ».C’est à dire
que faire hériter les générations futures d’une dette qui ne serait pas une
dette d’investissement est un crime qui hypothéquerait la couverture sociale de
ceux –ci. La question est donc : voulons nous que nos enfants soient moins
bien soignés ou moins bien protégés que nous ?
Il
y a nécessité de revoir notre système de protection sociale, en regardant les
choses en face, en étant rapide dans nos choix et nos décisions car il y a
urgence de préserver l’avenir de nos enfants.
Du
fait de mon investissement et de mon expérience en temps qu’infirmier de
l’hôpital publique, je vous propose de contribuer à la réflexion sur la branche
maladie de la sécurité sociale. Au delà d’une problématique de financement,
porter la réflexion sur ce sujet nécessite d’aborder les sujets du soin et de
la dépendance. On ne peut, ni mobiliser de force, ni mobiliser des moyens sans
au préalable définir des objectifs clairs et compris de tous.
Revenir
à la notion du soin comme référentiel
Fort
est de constater que notre système de prise en charge de la santé est en pleine
mutation et en premier lieu l’hôpital public. Cette mutation est initiée dans
le cadre d’une démarche politique qui entend rationaliser l’offre et la demande
de soin conformément au petit manuel d’une société libérale où toutes les
forces du marché devraient se réguler d’elles-même, sous l’action d’une saine
concurrence, et ceci au plus grand profit du consommateur. De là découlent des déremboursements massifs,
la limitation du nombre d’actes exercés par les différents intervenants du
soin, la diminution du nombre de lit d’hospitalisation, le transfert sur le
privé de la charge de la dépense par l’implication d’assurance privé, la hiérarchisation
des soins par rapport à leur rentabilité, la dilution des fonctions soignantes
entre les différents corps de métier, la disparition dans les hôpitaux de
spécialités non rentables et j’en passe et des meilleures. La réforme Mattei
vise à la mort de l’hôpital publique qui perd son universalité, son excellence
et au delà son image auprès du public. Le projet hôpital 2012 va
irrémédiablement enfoncer le clou, respectant une logique commerciale,
mercantile et inégalitaire.
La
mutation a commencé à être visible lorsque le terme client est venu remplacer celui de patient ; instillant une philosophie nouvelle qui fait percevoir
l’usager sous l’angle de sa ressource et le praticien sous celui d’un
fournisseur de services, services qui bien entendu doivent répondre à des obligations
de résultats pour satisfaire la demande du client. Cette logique est
commerciale, d’inspiration anglo-saxonne, et vise un fonctionnement optimisé,
laissant sa part au profit. Celui- ci pourra, s’il le veut bien, se réinvestir
dans la recherche ou dans la charité, s’il ne le veut pas, s’investir ailleurs
en fonction des exigences du marché.
Une
telle mutation nie l’élément essentiel dans l’équation complexe de la
santé : l’Homme.
la
SantéC’est
autour de la souffrance, de la dépendance et du handicap que s’est construit la
notion de Santé au fil des temps, depuis Hippocrate jusqu’à cette définition de
l’Organisation mondiale de la santé :
La santé est un état de complet
bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d'infirmité.
la SantéLa
notion d’état de complet bien être est subjective. Et c’est cette subjectivité
qui fait qu’elle s’applique si bien à chaque individu, rendant sa considération
plus facile, plus adapté à son état de santé justement. Et c’est cette
subjectivité qui fait que le thème de la santé n'a pas sa place dans le champ d'étude économique.
La
notion de bien être social quand à elle, élargie le débat bien au delà des murs
étroits des cabinets médicaux, des laboratoires ou des hôpitaux. Elle inscrit
la réflexion sur la santé dans toutes les dimensions de l’individu, notamment économique, environnementale
et éducative. L’économie sociale, et à travers elle la sécurité sociale, doit
prendre sa place dans un débat de fond sur l’individu, la société et les intéractions
qui la régissent. Elle doit prendre en compte tous les facteurs de la santé et en premier lieu répondre à la question :
Que
voulons-nous pour chacun des individus qui composent notre groupe ?
A
partir de là on pourra définir un système de soin cohérent, respectueux de
chaque individu, sur qui la société ne se défaussera pas de ses peurs. Peur de
la différence, peur de l’avenir et peur de la mort.